On a suivi avec un intérêt grandissant l’aventure de Fouad Benhammou (jeune réal qui n’en veut) et de la toute jeune société de prod Kobayashi Prod avec leur premier effort : le village des ombres (ex-Ruiflec). Tout avait commencé il y a quelques années par la mise en ligne d’un teaser « home made » sur Dailymotion faisant état des ambitions stylistiques de l’ami Fouad. Quelques années sont passées, de périples en périples (défection de Sara Forestier à la dernière minute, remplacée par Christa Théret -LOL- non je rigole pas, je parle du film avec Sophie Le Mime Marceau; problèmes de financement divers et variés, réécritures en série, etc etc) avant que le film ne vienne au monde et soit présenté au monde entier le 17 novembre prochain.
L’équipe de Cinéphaegious a pu découvrir le film en avant première et tenait à vous faire partager son avis sur ce nouvel effort de film de genre à la française.
Alors, autant le dire tout de go : le Village des Ombres (appelons le VdO pour aller plus vite) n’a strictement rien à voir avec les dernières prods dites de « genre » en France, type La Horde (Fuck Yeah), La Meute (pas vu) ou encore Humains (la meilleure comédie de l’année, selon nous). On se situe plus au niveau d’un film « hybride » situé quelque part entre La Maison du Diable (Robert Wise) et Les Autres (Alejandro Amenabar) : point de gore ici mais une histoire, des acteurs et un sacré décor (naturel).
Un petit coup de pitch si vous le voulez bien :
Un groupe d’amis prend la route pour passer le weekend dans le village de Ruiflec. Arrivés sur place, certains disparaissent mystérieusement, sans explication. Les autres, tout en essayant de les retrouver, vont tout faire pour rester en vie et s’échapper du…Village des Ombres
L’étroitesse du budget alloué (on parle ici de 1,5 M€) permet au réalisateur de se concentrer avant tout sur l’ambiance (pluvieuse, à la Silent Hill) et à la direction d’acteurs (mention bien à Barbara Goenaga et mention « ouh qu’elle est belle la surprise » à Johnathan Cohen, la véritable révélation du film selon nous). Sur ce point là, c’est un quasi sans faute. Le VdO est magnifié par une caméra aérienne, virevoltante entre la maîtrise du scope par Carpenter et les envolées techniques Sam Raimiennes. Le tout ne semble pas en toc, quelques clins d’oeil aux fans parsèment le métrage (checkez bien le portrait de HP Lovecraft accroché au mur…), et les acteurs ne semblent pas se demander ce qu’ils font là (n’est ce pas Lorant Deutsh?).
Là ou le bat blesse, c’est dans la construction de l’histoire : pour éviter sans doute un schéma trop linéaire, le film prend le parti de compliquer inutilement le métrage à base de Flash-Backs n’apportant pas une réelle valeur ajoutée à la construction scénaristique : je parle ici des FB relatifs à l’actrice Ornella Boulé et à ceux décrivant la « malédiction » (sans spoiler). Ces sauts de puce dans le temps alourdissent le récit et font nettement tomber la tension alors que tout montait très tranquillement dans l’hypothalamus des spectateurs…
Dernière surprise : le climax final. Là où on pouvait s’attendre à une résolution type actionner-horror movie, le réalisateur a l’intelligence de prendre un contre pied total. Pas de boss de fin de niveau, pas d’ennemi héréditaire à combattre mais un choix, douloureux, à faire le tout dans une grosse bulle de mélancolie. Certainement pas un choix facile à faire et encore moins à assumer. Mais cette fin -certainement le meilleur moment du film- mérite à elle seule que vous vous jetiez sur le film dès sa sortie.
En résumé, le VdO est un premier film qui mérite d’être salué, prenant intelligemment une autre voie (certainement pour ratisser un peu plus large niveau public hein, faut pas se leurrer!) que celle empruntée par ses petits camarades de jeu. On souhaite donc bonne chance à Fouad Benhammou pour la suite de ses aventures.